ISBN/EAN 979-10-94078-01-3

20,00 EUR

Graphisme : 19 pages d'illustrations

346 pages

Format: 14 x 23

novembre 2015

Giono – Lettres de la Grande Guerre (1915-1919)

Parmi tous les écrivains et futurs écrivains de sa génération, Jean Giono est à coup sûr l’un de ceux qui subirent l’expérience personnelle la plus directe, la plus authentique, la plus humble et sans doute la plus terrible de la Grande Guerre. La correspondance inédite avec sa famille – plus de 450 lettres – en apporte un témoignage exceptionnel à tous points de vue.
Elle constitue d’abord le pathétique témoignage d’amour filial d’un tout jeune homme pour ses vieux parents, mais elle est surtout, pour nous aujourd’hui, un document historique et littéraire d’intérêt exceptionnel sur le vécu quotidien d’un jeune « soldat de 2e classe et sans croix de guerre », comme Giono aimera ensuite à se présenter.
On y lira donc le récit, parfois picaresque, d’une initiation dont le narrateur ne parvient pas toujours à tenir l’horreur à distance, malgré son souci de préserver ses parents de toute inquiétude à son sujet. Ces trente mois passés au front lui feront aussi toucher le fond de la misère existentielle. Il ne se plaint jamais toutefois, ou à peine : des poux et des cafards, de la saleté et du manque d’hygiène, si pénibles à supporter pour lui toujours soucieux d’élégance. Mais constamment, il minimise son exposition réelle au danger.
Cette parade n’est peut-être pas intentée qu’à destination des lecteurs de ces lettres lénifiantes : ce qui s’y exerce déjà, c’est une formidable capacité de déni de la réalité, et on sait quelle puissance de sublimation elle aura chez le futur écrivain.
Si elle est « mieux écrite » que nombre de celles des poilus de la Grande Guerre, cette correspondance ne saurait être considérée comme « littéraire » ni en quoi que ce soit préfiguratrice de l’œuvre à venir. L’apprenti écrivain y rompt sa plume, certes, quand les circonstances le permettent. Mais imagine-t-on seulement les conditions aussi atroces qu’invraisemblables dans lesquelles certaines de ces lettres ont pu être écrites, et qui oserait se soucier de correction grammaticale et d’élégance épistolaire dans l’enfer du Mont Kemmel « qui fume comme un volcan crevé » sous les obus ?
« Plus jamais ça », répéteront à l’envi les rescapés de 14-18, et Giono parmi eux – en vérifiant lui-même la trouble et terrible signification de cette formule familière : car rien ne sera plus jamais « comme avant », et ce ne sera en effet « plus jamais ça » pour lui, homme et écrivain. Ces lettres familières le montrent indiscutablement : c’est bien de la Grande Guerre qu’est sorti l’écrivain Giono.
Christian Morzewski

Tables des matières :

Préface de Christian Morzewski

Présentation de Jacques Mény

Lettres
Année 1915
Année 1916
Année 1917
Année 1918
Année 1919